Les sœurs Chapel sont six, et ont de jolis prénoms. Filles de l’homme à la tête d’une entreprise d’armes à feu célèbre, le peu avenant Henry Chapel, les voilà promises à un avenir “radieux”, bien conventionnel. Et pourtant… le sort semble s’acharner sur la destinée de chacune d’entre elles. À peine mariée, l’aîné Aster va succomber. Mais de quels maux ? Cette tragédie est-elle vouée à se perpétuer sur la fratrie ? Leur mère Belinda, sorte de pythie fragile, paraît être la seule à savoir… adoubée par la petite dernière, Iris, très rapidement mis au ban par les autres.
Mystère et étrangeté nous happent dès les premières pages de ce roman aux forts accents gothiques. On suit envoûtée la trajectoire de chacune de ces jeunes filles confinées dans un huis clos étouffant où le désespoir et la langueur côtoient un certain désœuvrement. Un père absent et autoritaire, une mère rapidement évincée pour sa supposée folie. Chacune des jeunes filles dépeintes semblent tout droit sorties des peintures pré-raphaélites (“l’Ophélie” de John Everett Millais siérait à merveille à l’une des sœurs, Daphné). Des femmes à la destinée funeste.
La cruauté du conte matinée de fantastique, voilà la jolie prouesse de Sarai Walker ! Une réussite du genre et une belle surprise de lecture pour ma part !